Le Néo-impressionnisme est un mouvement fondé sur l'emploi scientifique de la division des tons, suivant une technique mise au point par Georges Seurat.
Le terme est utilisé pour la première fois par le critique Félix Fénéon en 1886 dans la revue bruxelloise l'Ad Moderne. On parlera également de « divisionnisme » ou de « pointillisme
L'apparition du style correspond à la présentation du tableau de Seurat "Un dimanche à la Grande Jatte" au printemps 1886 à la huitième et dernière exposition impressionniste où il est très remarqué (on en parle jusque dans la presse anglaise.)
Par la suite, le tableau fera figure de manifeste. A l'automne de la même année, il sera présenté une deuxième fois au Salon des Indépendants (un nouveau Salon, créé en 1884) où, une demi-douzaine d'artistes présentent déjà des œuvres réalisées dans ce nouveau style.
Il sera exposé une troisième fois au début de l'année suivante au Salon des XX à Bruxelles. Il s'en suivra, là aussi, une « épidémie » de pointillisme.
Le style mis au point par Seurat repose sur une théorie des contrastes.
L'article dans lequel il a résumé sa « théorie » commençait par la phrase restée fameuse : « L'Art c'est l'Harmonie. L'Harmonie c'est l'analogie des contraires, l'analogie des semblables... »
II s'agit, en effet, d'une recherche d'harmonie dans l'analogie des contraires, c'est-à-dire des contrastes, qui s'applique à tous les niveaux : contrastes de tons (clair / sombre), de teintes (entre couleurs complémentaires) et même de lignes (réalisant des angles droits.)
Les néo-impressionnistes ont systématisé la technique des impressionnistes par l'adoption de la « touche » en petits points permettant la division des tons et des teintes en leurs composantes contrastées : la couleur recherchée est obtenue comme résultante, par synthèse optique : quand le tableau est regardé à une distance appropriée (trois fois la diagonale, en principe — Seurat) deux couleurs pures placées l'une à côté de l'autre se confondent, provoquant pour le spectateur un mélange optique (et non physique) des couleurs, avec l'avantage de pouvoir conserver la luminosité maximale des deux teintes pures.
Dans un deuxième temps, Seurat a cherché à étendre sa théorie des contrastes aux structures linéaires. Après avoir commencé à opposer des lignes à angle droit, il va s'inspirer des travaux psycho-physiologiques de Charles Henry pour opposer les lignes montantes (de plaisir, dynamogènes, qui correspondent aux couleurs chaudes) aux lignes descendantes (tristes, inhibitrices, qui correspondent aux couleurs froides.)
La technique « divisionniste » est une technique lente. L'élaboration de grands tableaux comme la « Grande Jatte » de Seurat demande énormément de travail (plusieurs mois.) Cette lenteur de « mise au point » transforme radicalement le sens de la peinture par rapport à l'Impressionnisme, le tableau ne peut plus être le résultat de la transcription immédiate de la sensation colorée provoquée par un effet lumineux fugitif saisi sur le motif; il (re)devient une construction, savamment et lentement élaborée, où les « problèmes » sont théorisés et résolus expérimentalement. On en revient donc à une conception, presque classique, du tableau comme construction intellectuelle.
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