Corot photographié par Nadar
Autoportait - 1825
Il fait partie de l'école de Barbizon – Ses élèves seront les impressionnistes Berthe MORISET, Camille PISSARO, Alfred SISLEY, Puvis de CHAVANNE...
Fait le parcours classique à Rome et plusieurs séjours là-bas.
Il est né le 17 juillet à Paris (à l'angle de la rue du Bac et du quai Voltaire).
Son Père est marchand drapier, sa mère tient une boutique de mode fort en vogue. Il a deux sœurs : Annette-Octavie et Victoire-Anne.
Corot reçoit une bourse et est élève au collège de Rouen de 1807 à 1814.
En 1822 il entre dans l'atelier du peintre MICHALLON (1796-1822). Après la mort de celui-ci le 24 septembre, il choisit l'atelier de Jean-Victor BERTIN (1775-1842), où il reste jusqu'en 1925 : date de son premier séjour en Italie jusqu'en 1828, où il apprend les principes du paysage classique, ce néo-classicisme qui encourage l'étude en plein air, inspiré par Claude Lorrain et Poussin. Inlassable voyageur, il arpente l'Italie, la Normandie et l'Ile de France d'où il tire tous ses paysages.
A partir de 1850 la figure humaine, l'attitude et l'expression du corps humain est importante dans son œuvre, qui furent longtemps ignorés, figures de genre à ses débuts, portraits scrupuleux dans sa maturité, nus de plein air et figures de fantaisie à la fin. Il n'ose en montrer publiquement.
Il traverse et absorbe tous les courants de son siècle, néo-classicisme, romantisme, réalisme, en restant foncièrement indépendant. Il est considéré comme le précurseur de l'impressionnisme.
Sa devise : "ne pas avoir soif d'approbation, ni de bénéfice d'argent. Ne pas se décourager du blâme que l'on pourrait faire tomber sur ses ouvrages; il faut être cuirassé d'une conviction forte, qui fasse marcher droit devant en ne redoutant aucun obstacle. Un travail incessant, soit exécutant, soit observant.
Il dit : « Si nous avons été réellement touchés, la sincérité de notre émotion passera chez les autres ».
De retour à l'atelier, il introduit les motifs dans les paysages composés et retravaille longuement ses toiles en faisant intervenir sa mémoire.
De ses débuts et jusqu'à la fin, il s'adonne aux paysages d'après nature qui constituent la trame essentielle de son œuvre, parmi lesquels se détachent les études exécutées en Italie. Sur le second versant de sa vie apparaissent et dominent les paysages lyriques issus du souvenir et voilés par la brume qui firent alors son succès auprès du public et des amateurs. Le milieu de sa carrière est scandé par les paysages historiques composés en atelier et destinés aux Salons.
En travaillant en plein air comme ses contemporains, sur le motif, il saisit la nature pour elle-même et traduit avec réalisme le paysage de la campagne française avant l'ère industrielle.
Les contemporains de Corot :
Théodore GERICAULT (1791-1824) – Le radeau de la méduse – Le Derby d'Epsom
Eugène DELACROIX (1798-1863) – La barque de Dante – La mort de Sardanapole.
Théodore CHASSERIAU (1819-1856) – Le Tepidarium.
Mais surtout pour les paysages :
Théodore ROUSSEAU (1812-1867) – Matin à Fontainebleau – Marché en Normandie
Charles DAUBIGNY (1817-1876) – Soleil couchant – Reflets hors champs
Narcisse Diaz de la PENA (1807-1876) – Dans la forêt
Jules DUPREZ (1811-1889) – L'automne
Gustave COURBET (1891-1877) – Après dîner à Ornans – Bonjour Mr. Courbet
Honoré DAUMIER (1808-1879) – Don Quichotte – Le wagon de 3ème classe
Constant TROYON (1810-1865) – Avant l'orage – Le retour à la ferme
Edouard MANET (1832-1883) – Olympia (faisant référence à la Vénus d'Urbino du Titien de 1538) – Le déjeuner sur l'herbe
John CONSTABLE (1776-1836) Parc de Wivenhoe – La plage de Brighton – La charrette de foin.
Hobbema MEINDERT (1638-1709) Le moulin – Les voyageurs.
(Ainsi que Fragonard, Granet, Huet, Vernet... entre autres)
Sa technique :
Il ébauche le plus près du ton possible et revient en glaçant avec de l'huile d’œillette clarifiée. Dessus le glacis, il peint dans la pâte après avoir dessiné toutes les masses.
Techniquement, et c'est sa nouveauté majeure, il substitue à la manière monotone et lisse de ses camarades, une touche onctueuse et colorée, renouant avec le travail compact et granuleux de Jean-Baptiste CHARDIN (1699-1779), le créateur de la nature morte moderne
Durant l'été 1825, lors de son 1er voyage en Italie, il remonte le cours du Tibre, s'enfonce dans les ravins sauvages de la Sabine.
La splendeur des lieux l'exalte, cristallise son style, suscite une énergie de facture et une franchise de vision qu'il ne dépassera pas.
Il peint le Pont de Narni, étonnantes ruines romaines d'un pont construit sur la Nera par l'Empereur Auguste.
L'attention de Corot se concentre sur la lumière éclairant les piles du pont, la rivière et la végétation entre le tumulte proche du fleuve aux eaux troubles et fortement colorées et la paix des collines bleuâtres à l'horizon.
Le pont de Narni (1825 à 1827)
Etude
Mon interprétation d'après l'étude du Pont de Narni de Corot
Le pont de Narni terminé dans l'atelier de Corot
La Cathédrale de Chartres (1830)
En 1830, Corot voyage dans la région de Chartres où il loge dans un village des environs, Nogent Le Paye, et effectue plusieurs séances de travail devant la cathédrale gothique.
Ce tableau apparaît comme la suite logique des recherches réalistes menées par Corot en Italie, sur les relations entre la lumière, les volumes et l'espace.
La cathédrale est peinte avec une grande rigueur de cadrage et de perspectives très audacieux.. Il place au premier plan, une butte de terre qui occupe presque le centre de l'oeuvre et qui cache une partie de la cathédrale. Sur cette butte, 3 petits arbres, dont deux principalement concurrencent visuellement les tours de l'édifice et leur font écho.
L'avant-plan est parfaitement vierge, technique que Corot utilise depuis son séjour en Italie. Certains auteurs ont parlé de naïveté au sujet de cette oeuvre par la trop grande fidélité à la réalité et le souci du détail précis qu'ils y voyaient. C'est oublier à cet égard les préceptes de l'enseignement classique que Corot reçut et appliqua toute sa vie, bien illustré par le célèbre conseil que Michallon donne au jeune Corot : "peindre naïvement la nature " ; naïf est ici à entendre au sens de fidélité à la réalité.
(Ce que personnellement je m'efforce d'appliquer dans ma peinture car grande admiratrice de Corot !)
Perdue, l'œuvre fut retrouvée en 1871 par Alfred Robaut.
Les bords peints avaient été repliés sur le châssis. Corot, après l'agrandissement et le rentoilage, rajoute le petit personnage assis sur la grosse pierre à gauche et une ombre à l'avant-plan. D'après Corot, " Le tableau en cet état produisait le pire effet. A sa vue le maître dit : Mais c'est comme une carte photographique. C'est le portrait des tours sans l'atmosphère de Chartres. Nous ne pouvons laisser les choses dans cet état ".
Il est plus que probable que c'est à ce moment qu'il rajouta les personnages, l'un assis, l'autre accoudé au tas de pierres de construction, aucune autre retouche que celles décrites n'est décelable.
La Charrette, Souvenir de Marcoussis (1855) (musée d'Orsay)
A l'Exposition universelle de 1855, l'Empereur achète pour sa propre collection : "Souvenir de Marcoussis", et qui consacre la notoriété de Corot.
C'est un morceau printanier de campagne rythmé par les arbres, où le passage de la charrette entre les ombres et les clartés introduit le mouvement et la vie. Si les études anciennes de Corot étaient le plus souvent dépourvues de personnages, presque tous ses paysages agrestes ou villageois comportent maintenant des silhouettes humaines aux vêtements colorés, qui ponctuent chromatiquement la composition, échelonnent la profondeur, comme la paysanne et le cavalier
1855 - Le Chemin de Sèvres. Vue sur Paris - Paris, musée du Louvre
La route en perspective est un des motifs préférés de Corot, souvent repris par son élève Pissaro. Le cavalier au premier plan, la paysanne au second, creusent la profondeur et s'avancent sur cette route ensoleillée qui mène vers Paris.
1864 - Souvenir de Mortefontaine (Oise)
Cette peinture illustre dont on a dénombré les antécédents et les dérivations, est le sommet de la phase lyrique. Acquise par l'Etat au Salon de 1864, elle a été placée au palais de Fontainebleau avant d'entrer au Louvre.
Corot, désolé de s'en séparer, en avait une photographie dans sa chambre.
La lumière du matin dissipe la brume sur l'étang arrondi dont les rives au loin sont encore vaporeuses. A droite le grand arbre présent sur de nombreux tableaux déploie en éventail ses branches diffuses qui se reflètent dans l'eau. A gauche une jeune paysanne en jupe rose se hausse sur la pointe des pieds pour atteindre une touffe de feuillage sur le tronc grêle de l'arbre isolé. Près d'elle deux fillettes cueillent ou tendent des fleurs. Ces gestes si simples ont la beauté mystérieuse d'un rite, d'une consécration mythique de la nature.
Ce tableau constitue un des aboutissements de la réflexion de Corot, il évoque le calme rythme imposé par la nature et le bonheur débarrassé de toute contrainte sociale. Corot y aborde trois de ses obsessions majeures. Tout d'abord, la maîtrise de la construction de l'espace : la partie droite du tableau est volontairement bouchée par les arbres bordant l'étang, tandis que la partie gauche s'ouvre vers le ciel et l'eau. Ensuite, en reprenant le thème de la cueillette, Corot cherche à exprimer l'intégration harmonieuse et poétique de l'homme au sein de la nature. Enfin, il s'attarde sur le traitement de la lumière matinale, encore chargée de brouillard et de rosée.
Le pont de Mantes (1868-1870)
Mantes-la-Jolie, qui justifiait alors pleinement son nom, avant les destructions de la guerre et le ravage industriel, est une source inspiratrice féconde. Corot peint toute une suite de variantes sur le vieux pont majestueux enjambant la Seine.
Le pont de Mantes est un sommet dans son œuvre par l'entente harmonieuse entre la volumétrie de la pierre et l'atmosphère blonde du site, entre la flexion des troncs d'arbres et le miroitement du fleuve, jouant avec talent des contrastes entre les reflets de l'eau, la solidité de la pierre et la luminosité du ciel. Le pêcheur immobile dans sa barque porte sur son bonnet le ton rouge qui fait vibrer la verdure de la rive et la symphonie des gris. Il dit : « il y a toujours dans un tableau un point lumineux, mais il doit être unique »
Ville d'Avray - Les maisons de Cabassud
La maison familiale de Ville-d'Avray acquise en 1817, reste, malgré ses nombreux voyages et les divers lieux d'adoption auxquels il s'était attaché, le lieu de travail et de repos favori de Corot. Depuis la fenêtre de sa chambre, il représente souvent l'Etang qui borde le parc des Corot. Un groupe de maisons donnant sur cet étang, baptisées les maisons Cabassud l'inspire tout particulièrement. De 1823 à sa mort, il les choisit régulièrement comme motif. Elles sont toujours vues à travers les feuillages, depuis le haut du chemin longeant la propriété des Corot, à droite, et l'Etang à gauche.
Le site de Ville-d'Avray lui offre, outre les reflets de l'eau, un ciel d'une transparence étonnante au-dessus des feuillages, et des arbres et buissons qui permettent d'habiles jeux de cadrage. Ces vues composent une subtile succession de variantes picturales, peintes d'après nature ou en atelier.
1867 - Ville d'Avray
1825 – Ville d'Avray – Fermière en bordure des bois
1829-30 - Le calvaire de la côte de Grâce, Honfleur
Corot peint également des portraits, ici
1874 – Femme en bleu – Paris, Louvre
Sa gloire est tardive, après 1845, et dans les dernières années de sa vie, Corot croule sous les commandes et débordé, il fait appel à ses élèves pour l'exécution des paysages. Cette pratique et son habitude de signer des toiles qui ne sont pas de lui sont à l'origine d'un nombre incroyable de copies. Pour lutter contre la prolifération des faux, Alfred Robaut et Auguste Moreau-Nélaton répertorient et éditent en 1905 un catalogue raisonné de ses œuvres.
L'œuvre de Corot est quantitativement et qualitativement difficile à appréhender. 53 ans de carrière, environ 3000 tableaux référencés et des milliers de faux. Un ensemble important de son œuvre est conservé au Musée de Reims.
Une légende dorée entoure celui que l'on nommait si bien, au sens exact du mot, le bonhomme Corot. Si le peintre a longtemps subi les fluctuations de la critique, tous les témoignages contemporains s'accordent à louer les qualités de l'homme, sa modestie et sa candeur, sa cordialité souriante, la droiture et la noblesse de son caractère, sa sagesse stoïcienne et ses élans généreux (il dota pour son mariage, l'un de ses jeunes modèles, il a acheté une maison à son vieil ami Daumier pour lui éviter l'expropriation, et versé une pension à la veuve de Millet en difficulté).
Emile Zola dit de lui : « Corot est un peintre de race, très personnel, très savant, et on doit le reconnaître comme doyen des naturalistes, la fermeté et le gras de sa touche, le sentiment vrai qu’il a de la nature, la compréhension large des ensembles, surtout la justesse et l’harmonie des couleurs en font un des maîtres du naturalisme moderne.»
Claude Monet déclare : « Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien. »
Il meurt en 1875. Il est enterré au Père Lachaise.
A en juger par la présence d’une magnifique rose sauvage, la nature semble avoir accompagné le peintre jusque dans l’au-delà.
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