François-Auguste-René Rodin est un sculpteur français, né le 12 novembre 1840 à Paris (France) et mort à Meudon (Île-de-France, France) le 17 novembre 1917.
Rodin appartient à la génération des impressionnistes mais sa maturité artistique qui commence dans les années 1880 en fait plutôt le contemporain des enjeux post-impressionnistes (symbolisme, art nouveau...)
Son style, que certains aspects formels (un certain réalisme optique appliqué à la forme) rapprochent de l'Impressionnisme, s'en distingue par de nombreuses caractéristiques, notamment sur la question du « sujet » : symbolisme, pratique de la figure... Quoi qu'il en soit, il occupe dans l'histoire de la sculpture une place charnière analogue à celle qu'occupa l'Impressionnisme dans l'histoire de la peinture : l'œuvre de Rodin est à la fois l'aboutissement des tendances réalistes de la sculpture du XIXème siècle et le point de départ de son évolution moderne au XXème siècle.
En effet, son style se caractérise par un curieux mélange entre « réalisme» de la forme (naturalisme, expressivité optique de la surface, traces du processus de réalisation...) et le caractère très « abstrait » des attitudes ainsi que des thèmes développés (opacité de la structure narrative, compositions par assemblage et démultiplication, déformation anatomique... )
Il naît dans une famille modeste. Son père, Jean-Baptiste, d’origine normande s’est installé à Paris comme garçon de bureau à la préfecture de police.
Sa mère, Marie Cheffer, est d'origine Lorraine.
Rodin a une sœur aînée dont il est très proche, Maria Louise, et une jeune sœur, Anna Olympe, qui meurt à l’âge de quatre ans. Il a aussi une demi-sœur, Clothilde, qui restera à l’écart de la famille.
Il a révolutionné la sculpture par une liberté de forme qu'on n'avait pas connue jusque-là. Capable de la reproduction la plus fidèle (Le Penseur), il introduit une sensualité qui choque le public de l'époque (Le Baiser).
Le baiser - 1881
On reconnaît souvent ses œuvres à une forme qui reste partiellement prise dans un bloc plus rustique et partiellement dégrossi. Le résultat toujours frappant est un équilibre entre un modèle englué dans la masse brute et un élan donné à l'œuvre qui semble toujours prête à s'en échapper. Il s'est lié avec le peintre américain Whistler et avec Alphonse Legros.
Rodin, à l'avant-garde de son art, a laissé les moules de ses sculptures à la disposition du public. Il avait aussi préparé des copies de sa signature.
Une manière pour lui de laisser d'autres prolonger son œuvre après son décès.
Rodin a notamment eu pour collaboratrice Camille Claudel (elle était chargée de dégrossir les marbres d'après un modèle en plâtre.) Tout à la fois, muse et maîtresse, elle lui a aussi servi de modèle, lui inspirant des œuvres comme la Convalescente, la France ou la Pensée…
La Convalescente - 1914
La France - vers 1902-1903
La Pensée - 1896
Un débat fait rage entre Rodiniens et Claudeliens quant à la réalisation de certaines œuvres jusque-là attribuées à Rodin, par Camille Claudel.
Camille Claudel
Les recherches les plus récentes menées à l'occasion de l'exposition itinérante "Camille Claudel et Rodin" (qui retrace l'itinéraire amoureux et artistique des deux sculpteurs à travers des lettres et des œuvres), montrent la grande complexité des rapports entre les deux sculpteurs travaillant ensemble dans le même atelier aux mêmes sujets.
Tous deux ont vécu une passion stimulante mais orageuse, relatée de manière romanesque dans le film Camille Claudel.
En 1883, il fait un remplacement pour un ami au sein d'un cours de jeunes filles. C'est à cette occasion qu'il rencontre Camille Claudel qui devient sa collaboratrice (il lui confie des travaux tels que la réalisation des mains pour les figures de la Porte de l'Enfer) et sa maîtresse, « Élève, modèle, praticienne, maîtresse, inspiratrice, Camille Claudel est tout cela pour Rodin.
De 1883 à 1892 se déroule entre la belle jeune femme et le sculpteur en pleine force de l'âge et de sa capacité d'artiste une relation amoureuse que, pour leur malheur, ils ne conçoivent ni n'expriment selon des critères identiques.
A l'amour charnel triomphant du Baiser ou de l’Éternelle Idole, de Rodin répond le Sakountala de Camille, œuvre d'amour total « où l'esprit est tout » selon le commentaire de son frère Paul ».
Sakountala - 1905
Le marché de l'art a connu un scandale important aux cours des années 1990 avec la découverte d'un réseau de faussaires condamnés par la justice française en 2001 mais dont l'activité a inondé le marché de centaines d’œuvres contrefaites.
Il existe plusieurs projets de catalogues raisonnés des œuvres du sculpteur menés par le Musée Rodin et par le Comité Auguste Rodin à Paris.
Plusieurs lieux et bâtiments portent le nom du sculpteur à Paris dont la place Rodin dans le 16e arrondissement et le lycée Rodin dans le 13e arrondissement, rue Corvisart.
Jeune femme au chapeau fleuri (Rose Beuret) - 1861
Après avoir échoué trois fois au concours d'entrée de l'Ecole des Beaux-Arts, il commence à travailler comme sculpteur en 1861.
C'est à cette époque qu'il rencontre Rose Beuret qui a vingt ans.
Elle devient sa compagne et sera plusieurs fois son modèle.
Deux ans plus tard, elle donne naissance à leur fils : Auguste Eugène Beuret.
Rose Beuret est une femme discrète et dévouée malgré les nombreuses infidélités de Rodin.
Elle ne l’épousera qu’en 1917, quelques jours avant de décéder des suites d’une pneumonie.
En 1871, il part rejoindre Carrier-Belleuse qui travaille sur le chantier de la Bourse de Bruxelles. Il restera finalement six ans en Belgique où il découvre les musées (Rubens en particulier) et la nature (la forêt de Soignes où il va peindre et dessiner).
Parallèlement, à ses sculptures monumentales pour la Bourse et le boulevard Anspach (caryatides etc.), il développe également une production de petits bustes commerciaux qu'il signe en son nom propre ce qui va entraîner sa brouille avec Carrier-Belleuse.
"Albert-Ernest Carrier de Belleuse dit Carrier-Belleuse, né à Anizy-le-Château le 12 juin 1824 et mort à Sèvres le 3 juin 1887, est un sculpteur français. Il fut l'un des artistes les plus prolifiques du siècle."
En 1876, il réalise l'Âge d'Airain, première œuvre véritablement personnelle, qu'il présente à Bruxelles avant de le faire à Paris où il rentre en 1876.
Cette sculpture sera au centre d'une vive polémique, cela fit scandale, Rodin fut accusé de l'avoir réalisé par « sur-moulure » (moulage du modèle sur nature.) En fait il travaillait sur photo (1er succès).
L'âge de bronze (d'Erain) - 1876
Porte de l'enfer (Divine comédie)
En 1880, il reçoit la commande d'une porte monumentale représentant la Divine Comédie de Dante, destinée au Musée des Arts Décoratifs.
Il y travaillera pendant plus de vingt ans sans jamais la terminer ! (la première version ne sera coulée qu'après sa mort, par le conservateur du Musée Rodin pour le Musée de Philadelphie.)
Rodin applique le thème de la Divine Comédie (qui avait déjà inspiré de nombreux artistes au XIXème siècle) à la structure classique de la Porte du Paradis réalisée par Ghiberti au XVème siècle pour le baptistère de Florence (lui même s'étant largement inspiré des portes romaines de l'antiquité.)
Rodin, dans ce travail, va procéder par assemblage : par exemple, le groupe Je suis belle (1882) est formé de deux sculptures indépendantes, l'Homme qui tombe et la Femme accroupie. Autre exemple d'assemblage que l'on pourrait ici appeler « démultiplication » : les Trois ombres, groupe pour lequel Rodin a utilisé trois fois la même figure.
La porte de l’Enfer est une réponse à la porte du Paradis de Lorenzo Ghiberti du baptistère de Florence. (ci-dessous)
Beaucoup d’œuvres de Rodin viennent en réalité de la Porte de l’Enfer.
Son œuvre devient un réservoir de formes et d’expérimentation technique. Toute sa vie Rodin réutilisera les figures créées pour la porte et en fera des œuvres autonomes comme le célébrissime Penseur, souvent utilisé en tant que sculpture funéraire.(cfr au Cimetière du Père Lachaise)
Rodin fera même des associations entre plusieurs figures pour en créer de nouvelles.
Études pour la porte de l'enfer :
- La figure d'Adam (répétée trois fois autour d'un axe)
- L'homme qui tombe
- L'enfant (la chute de..)
- Le penseur
- Le baiser
Le penseur - 1903
Les bourgeois de Calais - 1895
En 1884, il reçoit la commande du maire de Calais d'un monument à la gloire de Eustache de SaintPierre. Rodin se plonge alors dans les chroniques de FROISSART où il découvre que plusieurs personnages on été partie prenante dans cette histoire : pendant la guerre de Cent Ans, en 1347, la ville de Calais avait été abandonnée par Philippe VI et laissée à la merci du roi d'Angleterre Edouard III qui, avant de donner l'assaut final, consent à épargner les citoyens de la ville, à condition que six d'entre les plus nobles de la ville lui livrent les clés de la ville, pieds nus, tête nue, en robe de bure et la corde au cou pour être exécutés. C'est sur cette base que Rodin réalise son projet. Le jury est d'abord enthousiaste, puis sera sérieusement « refroidi » par l'atmosphère très décourageante qui émane de l'Œuvre.
En 1889, Georges Petit organise une double rétrospective Monet / Rodin et la même année a lieu l'Exposition universelle où le modèle complet des Bourgeois est présenté et reçoit un très bon accueil. Il faudra toutefois attendre l'année 1895 pour que l'œuvre soit officiellement inaugurée.
LES MONUMENTS OFFICIELS
LE VICTOR HUGO
C'est une curieuse représentation du poète que présente Rodin après de nombreuses recherches et hésitations. Victor Hugo est présenté dans une nudité à la fois héroïque, à l'antique (« on ne représente pas les génies en redingote... ») et bedonnante.
Dans le monument, inauguré seulement en 1909, Victor Hugo se tient la tête de la main droite et tend l'autre à l'horizontale, un peu comme le Dieu de Michel-Ange à la Sixtine.
LE MONUMENT A BALZAC
En 1891, la Société des Gens de Lettre décide d'« honorer » son fondateur : Honoré Balzac et, à l'instigation de son président qui est alors Emile Zola, commande le monument à Rodin qui se lance alors dans un important programme de recherches, d'études et de travaux préparatoires qui finiront par impatienter les commanditaires.
En 1898, il finit par présenter son projet au Salon où, contrairement au Baiser qu'il expose également provoque un véritable scandale : on traite la statue de "larve", de "fœtus" de "sac à farine", pour son apparence et sa préparation interminable et l’auteur de la commande refusa de la recevoir.
Finalement, Rodin décide de se retirer et reprend son Balzac qui restera. enfermé dans son jardin de Meudon où Steichen le photographiera.
Il faudra attendre 1931 pour qu'un exemplaire soit inauguré au Musée d'Anvers puis, enfin, un autre au boulevard Raspail à Paris, en 1939.
LES ANNÉES DE GLOIRE
A partir des années 1900, Rodin connaît la gloire. C'est l'année de l'Exposition universelle. De juin à septembre, il a une grande exposition rétrospective de 168 sculptures et dessins dans un pavillon spécialement conçu à cet effet, place de l'Alma. Elle sera suivie d'une tournée triomphale à Genève, Bruxelles, Amsterdam et La Haye.
Les demandes d'expositions affluent du monde entier : Düsseldorf, Buenos-Aires, Montréal, Tokyo, Berlin. Les grands musées lui achètent des œuvres.
Les honneurs se succèdent : il est fait commandeur de la Légion d'Honneur, docteur « honoris causa » de l'université de Iéna (1905), de Glasgow (1906) et d'Oxford (1907.)
On vient le voir du monde entier à Meudon où il fait reconstruire le pavillon de l'Alma (il y accueillera notamment le roi Edouard VII !)
A cette époque, il ne réalise pratiquement plus d'œuvres majeures mais sa production reste abondante. En fait, il exploite un peu son fond de commerce : il fait agrandir et fait fondre de nombreuses figures anciennes et ce d'autant plus que les commandes déferlent.
Après 1900, plus de cinquante praticiens travaillent sous ses directives.
Sa vie se disperse en mondanités incessantes. Il engage des secrétaires pour répondre à un courrier international de plus en plus abondant. Son correspondant le plus célèbre sera incontestablement le poète Rainer Maria Rilke qui loge dans un bâtiment appelé l'Hôtel Biron dont Rodin décidera de louer tout l'étage inférieur et le rez-de-chaussée de l'aile de droite.
Par la suite, il négociera avec l'Etat, lui laissant toutes ses œuvres et sa collection d'antiques à condition que celui-ci transforme l'Hôtel Biron en Musée Rodin.
Parmi ses nombreuses aventures galantes, il aura alors la liaison avec la « duchesse » de Choiseul qui est en fait une intrigante qui cherche avant tout à s'enrichir sur l'œuvre de Rodin. C'est finalement dans la maison mal chauffée de Meudon qu'il termine sa vie et meurt, en 1917, quelques mois après avoir épousé Rose Beuret !
Plusieurs œuvres de Rodin qui se trouvaient dans le World Trade Center ont été perdues lors des attentats du 11 septembre 2001.
Le Musée Rodin (Hôtel Biron) à Paris, rue de Varenne 79
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